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hAndiquap en tous GENRES
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16 août 2012

Trois coups pour oublier le handicap 4 17.11.2010

Trois coups pour oublier le handicap 4

Qu’en est-il de l’art, en dehors de sa stricte sphère? Quelle forme revêt-il lorsqu’il ne se prétend pas un « art pour l’art », exclusivement destiné à servir « le Beau » ?

Qu’il s’assimile à une thérapie, courtise le monde de l’entreprise ou prenne sa source dans le bitume des cités, c’est un art toujours vertueux que nous vous invitons à découvrir à travers cette série de reportages.

 

Temps n°4 : Trois coups pour oublier le handicap

 

Créée en 1894 par Saint Benoît Menni, fondateur des Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, la Maison Sainte Germaine semble une toile au pastel posée dans la grisaille du 15e arrondissement de Paris.

La résidence, qui doit son bon fonctionnement à des religieuses mais également à des bénévoles laïcs, accueille 80 femmes de tout âge, physiquement et mentalement handicapées. Ces dernières possèdent un taux d’incapacité estimé à 80 % et ne sont conséquemment pas capables de travailler. Pour autant, cette inaptitude n’a pas entamé une joie de vivre que huit d'entre elles viennent distiller, le samedi matin, au sein d’un atelier de théâtre. Des répétitions à l'initiative de l'association Culture & Hôpital, et d’autant plus assidues que le 3 décembre, à la mairie du 15e, la petite troupe frappera les trois coups… pour de bon.

 

Directeur de la Maison Sainte Germaine, Nicolas Brieuc confie les raisons pour lesquelles il a fait le pari d’intégrer l’art dans le quotidien de l’établissement.

 

 

 

La Maison Sainte Germaine, en été © Photothèque de la Maison Sainte Germaine

 

Elles sont plus que ponctuelles, présentes bien avant dix heures dans la petite pièce qui accueille la répétition du jour (découvrez également cette séance en images et en son). En fauteuil roulant, arc-boutées sur un déambulateur ou autonomes dans leur locomotion, les participantes à l’atelier rivalisent de babillage avec les canaris qui donnent de la voix depuis la cage placée dans une encoignure.

Rodolphe Corrion, metteur en scène qui anime la séance (habituellement avec Hadrien Trigance, absent ce jour-là), a tôt-fait de mobiliser l’attention de toutes avec une douce fermeté :

 

« Vous vous souvenez de la règle du jeu qu’on a instaurée ? Vous allez devoir être bien concentrées pour pouvoir vous débrouiller toutes seules : je suis censé ne rien dire du tout, comme le jour de la représentation. »

 

Le spectacle s’organise en quatre temps. Quatre tableaux, en réalité, qui matérialisent des récits de vie. Les textes, collectés par Culture & Hôpital auprès de résidents d’autres structures hospitalières du même arrondissement, sont totalement inchangés, bruts, taillant la part belle au « coq-à-l’âne ». Dans les récits de ces bribes d’existence se pressent aussi bien des souvenirs de rencontres galantes, de guerre, de grippe espagnole et d’arrivée à Paris, que des considérations sur les prénoms et le « temps de vivre ».

Les deux Nathalie © Radio France / H. Combis-Schlumberger

 

 

« Les deux Nathaloche du groupe », comme elles aiment à s’auto-qualifier, sont les premières à investir la scène.

Si l’une d’elle possède une élocution des plus laborieuse, la vivacité qu’elle inocule dans la gestuelle est suffisamment unique pour susciter l’intérêt de son auditoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christine, Rodolphe, Lucie et Aurélie © Radio France / H. Combis-Schlumberger

 

Pour le deuxième tableau, c’est au tour d’Aurélie et Lucie de se charger du mime tandis que Christine tient le rôle de la narratrice.

Celle-ci a mis tellement de cœur dans l’apprentissage de son texte, qu’elle le récite en ouvrant de grands yeux ronds sur le public pour finalement en émerger toute essoufflée.

 

 

 

 

 

 

Ourdia et Dominique Spiess © Radio France / H. Combis-Schlumberger

D'une très grande timidité, Ourdia n'en excelle pas moins dans les bruitages. Avant la scène finale, qui nécessite la participation de toute une chacune, c'est à son tour de donner vie à un troisième tableau aux côtés de Dominique Spiess, la présidente de Culture & Hôpital.

 Car cette dernière, boute-en-train s’il en est, prend beaucoup de plaisir à intervenir dans l’atelier. Elle se fait résolument l’apôtre d’un « doux mélange, un doux n’importe quoi », fédérateur d’humanités et insoucieux de tout handicap. Et ce, grâce à la joie de vivre déployée au cours de la séance et au charisme de ceux qui animent celle-ci :

 

 

 

 

 

 

Côté cour, Rodolphe Corrion, "le prof", observe le jeu des résidentes avec bienveillance, endossant le rôle du souffleur lorsque les trous de mémoire se font par trop envahissants.

Aujourd’hui chargé de mission de coordination artistique par l’association, il a commencé à travailler avec Culture & Hôpital en tant qu’artiste partenaire.

A l’instar de nombre de metteurs en scène, il possède une formation d’acteur délivrée par l’Ecole Charles Dullin, la plus ancienne école de France dans le domaine privé. Fort également d’une Licence d’Etudes Théâtrales, il s’est consacré à la mise en scène depuis sa sortie de l’école, en 2007, et a même créé une compagnie dont il est directeur artistique : le Théâtre de l’Epopée. Habitué à travailler avec des professionnels aussi bien qu’avec des amateurs - handicapés ou non - il fait part de sa double expérience et livre les clefs d’un enseignement établi sur un contrepoint de jeu, rire et plaisir :

 

 

 

Martine, Nathalie, Ourdia et Nadine, quatre des participantes à l’atelier, témoignent de l’épanouissement qu’elles ont pu connaître grâce au théâtre, mais aussi grâce à d’autres formes d’expression, comme l’écriture. Détacher ses yeux des roulettes de son fauteuil, prouver à son entourage qu’il est possible de dépasser son handicap, se décontracter, communiquer plus aisément, autant de défis qu’elles sont parvenues à relever, à la faveur de leur expérience des planches :

 

 

 

Oui, définitivement, il est facile d’embellir l’existence sans trop de décorum.

Et, pour les sceptiques, rappelons que le 3 décembre, à la mairie du 15e, la petite compagnie de la Maison Sainte Germaine fera vaillamment au monde la démonstration de sa redoutable praxis de l’optimisme !

 

Retour au dossier.

Hélène Combis-Schlumberger

Thème(s) : Arts & Spectacles| Association| Société| Théâtre| handicap

4 commentaires

Nikita20.11.2010

Belle et généreuse initiative que de proposer à des personnes en situation de handicap la possibilité de"restaurer leur estime d'elles-mêmes". Je peux vous dire -pour le vivre quotidiennement- que paradoxalement il est plus facile d'être acceptée sur scène que dans la vraie vie simple de tous les jours, quand on est handicapée. Je ne parle qu'en mon nom évidemment. Tout à fait d'accord avec le commentaire de Goubert.

goubert19.11.2010

j'ai entendu et lu avec beaucoup d'intêrêt "trois coups pour oublier le handicap". je suis directeur adjoint d'une résidence qui accueille des adultes en situations de handicap de l'association APAJH Réunion; Depuis cinq ans nous menons des projets artistiques (arts plastiques, théatre, contes, percussions, etc.) et grâce à Charles Gardou et stéphane pawloff nous avons pu avec ma compagne psychologue participer par un article à l'écriture d'un livre "l'art d'inventer l'existence" paru chez érés dans lequel ont écrits plusieurs auteurs de talent. Cette mise à l'écriture nous à conduit à réfléchir à la pratique de l'art dans les structures médico sociales et ce que cela peut permettre d'accompagner dans le surgissement de l'existence de l'autre sans que la "production "ne soit qualifiée de thérapeutique. la personne en situation de handicap ne doit pas être l'objet mais sujet de ce surgissement, de cette expression au travers ses maux et ses mots ou ses expressions, ses dires;souvent on parle de l'art comme "vecteur d'intégration ",mais souvent il n'est que la projection d'un désir de normalité comme si l'art pouvez gommer la différence; quand le spectacle vient sur la scéne les réactions du public sont souvent condescendante "comme ils y arrivent bien ces handicapés", il faut donc rester vigilants pour ne pas tomber dans ce regard et continuer à faire que l'art soit le possible de créer l'existence.

marie mauriello17.11.2010

bonjour, je viens de faire un mémoire sur les médiations artistiques et la restauration de l'estime de soi pour les personnes handicapées. Je suis auxiliaire de vie scolaire auprès d'adolescents déficients intellectuels et porteurs de trisomie 21, je suis également peintre. Je serais très intéresseé de venir à l'évènement du 3 décembre à la mairie du 15ème à paris, pourriez-vous me communiquer les horaires? Je vous remercie .
Bien cordialement.
Marie

Hélène Combis-Schlumberger18.11.2010

Chère Marie,

la prestation des résidentes de la Maison Sainte Germaine commencera à 14h30 et durera environ 2 heures.

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